Rédigé et présenté par 5 Prix Nobel et des personnalités de la société civile engagées pour la paix, ce manifeste publié le 4 juin 2019 soit avant l’agression de l’Ukraine par la Russie nous paraît d’une brûlante actualité tant pour ce qu’il relève du contexte alors énoncé que des objectifs qu’ils fixent pour aller vers une paix durable.

Nous reproduisons ci-dessous un extrait significatif de cet appel qui peut être consulté in extenso à l’adresse : https://normandiepourlapaix.fr/manifeste-pour-la-paix

« ...Faire de la guerre un horizon invraisemblable, établir une paix durable, réhabiliter les valeurs éthiques et mettre à l’œuvre notre humanité commune : autant d’objectifs pour lesquels nous avons besoin d’un Nouveau contrat mondial, fondé sur une approche inédite de la sécurité internationale. Il nous faut construire un système de sécurité international inclusif, qui s’enracine en profondeur dans le principe d’État de droit et qui respecte les droits humains universels. Nous devons concevoir une architecture de sécurité collective et fiable, en laquelle chacun peut avoir confiance. En l’absence d’une telle alternative sécuritaire, les états continueront d’acheter des armes de guerre. Il nous faut mettre au point un plan d’action intégré, soumis à des échéances, pour éliminer toutes les armes de destruction massive, notamment nucléaires, biologiques, chimiques et les armes entièrement automatiques.

Nous avons la conviction qu’éliminer progressivement les armes de destruction massive ne mettra pas en péril la sécurité, bien au contraire : vingt-deux pays dépourvus d’armée de métier n’ont eu à subir aucune attaque à partir du moment où ils ont renoncé à posséder une force militaire. L’expérience prouve que les systèmes de sécurité qui ne reposent pas sur des armes sont plus efficaces que ceux fondés sur l’utilisation potentielle de la force. Il nous faut revoir notre système de sécurité collectif en nous appuyant sur la preuve du succès plutôt que sur la peur de l’échec.

La paix n’est pas l’absence de guerre, mais plutôt le caractère invraisemblable de la guerre. Il nous faut transformer les Nations unies, en particulier le Conseil de sécurité, pour en faire un instrument solide de prévention et de résolution des conflits. Nous devons exploiter la puissance du dialogue pour prévenir l’utilisation de la force.

Pour qu’une paix durable puisse prospérer, un développement durable est indispensable. Les Objectifs de Développement Durable, le protocole de Kyoto sur les gaz à effet de serre et l’Accord de Paris sur le réchauffement climatique constituent quelques éléments du Nouveau contrat mondial. Il nous faut un budget mondial pour étayer ces accords. Les ressources d’un tel budget seront générées par la réduction future des dépenses militaires, par l’augmentation des partenariats de développement et par la prise en compte de sources de revenus nouvelles et innovantes...

... La prochaine guerre mondiale ne laissera pas l’opportunité de négocier un nouvel accord de paix, parce qu’il n’y aura plus ni négociateurs, ni peuples, ni fleurs, ni arbres.

Attachons-nous à concevoir et mettre en place une paix durable avant que la prochaine guerre ne soit déclenchée. Ne pas le faire reviendrait à se diriger, tels des somnambules, vers un suicide collectif. Si nous le faisons, en revanche, nous serons en mesure de mener l’humanité à son apogée et d’entrer dans une ère de summum bonum.”