Le Conseil Municipal du 17 mars 2022 adoptait à l’unanimité une nouvelle appellation pour l’école maternelle Bugeaud, ainsi nommée pour sa situation dans la rue du même nom. Une telle décision était justifiée par la honte que constituait pour notre ville la dénomination d’un lieu d’enseignement du nom d’un général de la conquête de l’Algérie connu comme « l’enfumeur des grottes de Dahra » en référence à ses méthodes utilisées dans la répression des populations algériennes.

La ville de Brest répondait ainsi à la demande de plusieurs associations dont l’UEP (Orange Bleue n° 125) et décidait de donner à la maternelle le nom de Alice Abarnou, résistante appartenant au groupe Elie une des premières formations de résistance brestoise. On peut ainsi se féliciter que l’adoption du nom d’une héroïne brestoise pour une école constitue pour ses élèves un exemple et une fierté autre que celui d’un colonisateur.

Coïncidence ou choix politique (ce dernier aurait ma préférence) la délibération du conseil municipal se montrait comme un geste symbolique à deux jours de la commémoration, malheureusement bien timide des « Accords d’Evian » du 19 mars 1962 mettant fin à la guerre d’Algérie.
Il y a 60 ans que d’un côté de la Méditerranée un peuple en se libérant retrouvait sa dignité que les généraux Bugeaud, La Moricière et autres enfumeurs des gouvernements de l’époque leur avaient volé , et que de l’autre côté des familles cessaient de trembler sur le sort d’un des leurs engagé contre sa volonté dans cette guerre. Ce que certains se sont évertués à appeler pudiquement « événements » ou « opérations de police » n’a été reconnue comme guerre que 37 ans après la signature des accords.

Algérie libérée, mais restent affichés les symboles de la colonisation dans nos rues, sur certains édifices sans que le passant se pose des questions sur l’origine de ces appellations qui ont marqué l’histoire de façon peu glorieuse. Nombreux sont les personnages portés en héros hier , aujourd’hui contestés dont les noms ou les statues trônent en place publique. Faut-il effacer ? Déboulonner ?…L’histoire ne s’écrit pas avec une gomme, expliquer le contexte de l’époque s’impose. Pourtant demeure un principe intangible c’est la portée symbolique du nom donné à une Ecole de la République vu ce qu’elle représente.

Yvon Pichavant, l’Orange Bleue n° 129