Les 15 et 16 juin, en salle du Conseil Municipal, l’UEP remettait la question du désarmement nucléaire en débat.

Six ans après une première session d’étude organisée sur ce thème, nous renouvelions l’exercice. Pour animer cette nouvelle session avaient répondu à notre invitation Bernard Dréano, président du Cedetim, co-fondateur de l’Assemblée européenne des citoyens, Luc Mampaey, directeur du GRIP de Bruxelles et Paul Quilès, ancien ministre de la Défense et aujourd’hui président de l’association Initiatives pour le Désarmement Nucléaire (IDS).

Animateur du premier atelier, Bernard Dréano* mettait l’accent sur l’évolution des formes de conflit au plan international et le côté aujourd’hui anachronique de l’arme nucléaire. Dans le monde plus ou moins « disloqué » dans lequel nous vivons désormais le nucléaire constitue un héritage dangereux. Autant l’arme nucléaire ne peut contribuer à contenir les crises qui embrasent le monde, autant ces crises peuvent entrainer de nouvelles menaces nucléaires. D’où la nécessité de soutenir les efforts au plan local comme international pour progresser vers le désarmement nucléaire.

Le prétendu consensus français en matière de dissuasion nucléaire est une illusion. Il repose essentiellement sur la volonté, entretenue par nos gouvernements successifs, de ne pas ouvrir le débat. A ce propos, Paul Quilès*, dans son introduction au 2ème atelier, rappelait que le dernier débat sur la dissuasion nucléaire à l’Assemblée Nationale remontait à 1995, soit à plus de vingt ans ! La dissuasion nucléaire, c’est notre nouvelle ligne Maginot. Au lieu de s’y arc-bouter, pour notre sécurité et celle du monde, nos dirigeants seraient plus avisés de faire jouer la diplomatie. Intervenir avec plus de conviction auprès de nos alliés pour qu’ils respectent leurs engagements (le traité d’interdiction des essais nucléaires signé mais toujours pas ratifié par les Etats-Unis) ou pour faire aboutir les vœux exprimés par l’ONU (création d’une zone dénucléarisée au Moyen Orient).

Il appartenait à Luc Mampaey* de clore la session en abordant la question rarement évoquée du démantèlement des armes, des sous-marins et des bases nucléaires. De son analyse ressortait deux constats : le coût dérisoire des démantélements effectués jusqu’à présent comparé aux coûts de construction, d’entretien et de modernisation des arsenaux nucléaires, mais aussi l’absence de véritable solution de dénucléarisation totale qui nous condamne à léguer aux générations futures un héritage terrifiant. La mise en perspective de la situation brestoise par laquelle se terminait sa présentation nourrissait alors un débat dont il ressortait la nécessité d’une mise en place d’un plan stratégique de reconversion des activités nucléaires de la rade et de développement économique de la région brestoise.
* Pour les textes de ces interventions, un interview de Paul Quilès et aussi une contribution de Bernard Ravenel sur les risques nucléaires au Moyen-Orient et la nécessité de sa dénucléarisation, consulter le site de l’UEP : www.uep.infini.fr

22 Juin, 1er Juillet : tirs de missiles

Le 22 juin la Corée du Nord procède à un nouveau tir de missile d’une portée de 400 Kms. Réaction immédiate de l’ambassadeur français auprès des Nations-Unies qui préside le Conseil de Sécurité : ces tirs balistiques « sont une violation flagrante et inacceptable des résolutions du Conseil de Sécurité »....le programme balistique nord-coréen constitue « une grave menace pour la paix et la sécurité internationale ». Très bien, bravo, on applaudit !

Le 1er Juillet la France procède à son tour au lancement d’un missile M51 d’une portée de 8 000 Kms. Silence radio du Conseil de Sécurité et de notre ambassadeur. Un simple communiqué du ministère de la Défense pour nous informer que « J.Y. Le Drian, ministre de la Défense, exprime sa grande satisfaction après le succès du lancement d’un missile balistique stratégique M51 par le Triomphant, ce vendredi à 9h18, depuis la baie d’Audierne ». Ainsi donc, en matière de missile nucléaire ce serait comme avec le cholestérol, il y aurait le bon et il y aurait le mauvais !

2 Juillet : le désarmement nucléaire perd l’un de ses défenseurs

Si vous l’ignoriez, ce ne sont pas les media qui vous l’auront appris. Nulle part dans les rétrospectives qui ont suivi la mort de Michel Rocard n’est fait allusion à ses prises de positions contre l’arme nucléaire. Et pourtant...
Rappel de quelques extraits de sa lettre ouverte « surenchère nucléaire : danger » qu’il adressait le 27 janvier 2006 au Président Chirac.

« ...La perception commune, en tout cas, est que, la guerre froide terminée, s’il demeure des intérêts économiques ou territoriaux conflictuels, aucune nation n’exerce désormais de menace existentielle sur aucune autre. Aucun stratège nulle part n’invente plus de scénario de crise pour le traitement de laquelle l’emploi de l’arme nucléaire est pertinent. Il n’y a plus personne à dissuader... » et aussi « ...Tout militaire sait, que le nucléaire n’est pas pertinent en matière de terrorisme. La destruction des terroristes, de leurs repaires et de leurs instruments sera d’autant plus considérée comme légitime qu’elle fera peu de dégâts collatéraux. Elle appelle un effort considérable pour améliorer notre force en matière de renseignement, de frappe ponctuelle à longue distance, fût-elle classique... et, en même temps, (elle appelle) notre aide à un vrai décollage économique local qui éloigne la population des pays concernés de la désespérance. »

Curieux, voire inquiétant, cette occultation. Faut-il y voir le poids du lobby militaro-nucléaire sur les grands media de l’information ?

13 – 19 Juillet : Les fêtes navales de Brest

Réunis au sein du collectif Brest 2016 pour le désarmement nucléaire, des militants de l’Université Européenne de la Paix, du Mouvement de la Paix, de la Fédération anti nucléaire de Bretagne et de AE2D étaient présents.
7 000 dépliants distribués en deux jours, une banderole déployée tout le samedi matin au pied de la tour Tanguy, une manifestation bon enfant, un accueil favorable des touristes, une vingtaine de militants impliqués sur les deux jours avec une envie partagée de continuer à travailler ensemble pour la paix et le désarmement nucléaire. Bref, un succès sur toute la ligne.

Roland de Penanros
L’Orange Bleue, numéro 101
Octobre 2016